Bordeaux au XVIIIème siècle
Tout au long du XVIIIème siècle, les intendants, les gouverneurs et les cardinaux ont profondément modifié la ville de Bordeaux.
Les intendants Tourny et Boucher ont aménagé les remparts et les faubourgs. L'architecte Portier a construit des arcs de triomphe élégants comme la porte d'Aquitaine (place de la Victoire), la porte Dijeaux (place Gambetta), la porte de la Monnaie (quai de la Monnaie) ou la porte de Bourgogne (à l'extrémité du Pont de Pierre).
C'est à cette époque qu'a été construit un opéra par l'architecte Victor Louis.
C'est aussi à cette époque que l'architecte Gabriel a construit aussi la place de la Bourse, magnifique ensemble du XVIIIème siècle. Au centre de cette place, on trouve par la fontaine des Trois Grâces.
Toutes ces réalisations ont été possibles avec l'argent de la Traite des Noirs. De 1763 à 1773, les armateurs bordelais déportent 22 220 Africains. À elle seule, la "maison" Paul Nairac a déporté 2 500 esclaves; les armements Laffont et Laffon de Ladebat ont déporté en 10 ans 4 338 hommes et femmes ...
Il est sûr que la traite des Noirs a fait vivre des "centaines de milliers d'Aquitains, petits ou grands, à la mesure de leur investissement et de leurs positions dans l'économie coloniale".
Même si Bordeaux devient avec Montesquieu une ville où les idées nouvelles ("Les Lumières") se répandent pour plus de justice, contre l'esclavage, pour une meilleure séparation des pouvoirs et la fin de la monarchie absolue, la fortune des "négriers" ne cesse d'augmenter. Paul Nairac dépense une fortune pour la construction de son hôtel du cours de Verdun. Il en commande les plans au célèbre architecte parisien Victor Louis qui a dirigé la construction du Grand Théâtre.
La place de la Bourse est la première réalisation. Au centre, on trouvait la statue à cheval de Louis XV détruite à la Révolution. Inaugurée en 1749, elle s'est appelée place Royale, place de la Liberté pendant la Révolution, place Impériale, puis à nouveau place Royale. En 1848, à la chute du dernier roi de France Louis Philippe 1er, elle devient place de la Bourse.
L’intendant Boucher voulait ouvrir la ville sur la Garonne. Il souhaitait moderniser Bordeaux et il a supprimé une partie des murailles qui entouraient Bordeaux.
En 1869, on construit la fontaine des Trois Grâces représentant Aglaé, Euphrosyne et Thalie, les filles du dieu grec Zeus. Elle a été dessinée par Visconti.
Au nord, on trouve le Palais de la Bourse (la Chambre de Commerce et d'Industrie de Bordeaux) et au sud, on trouve l'Hôtel des Fermes (la Direction Interrégionale des Douanes et Droits Indirects et le Musée National des Douanes).
Les frontons de tous les bâtiments sont sculptés et on y voit beaucoup de mascarons : Neptune, Bacchus, des animaux fantastiques, des figures féminines, des visages du carnaval, des anges, des bêtes fauves... mais nous avons surtout remarqué les visages de femmes esclaves africaines.
3 000 mascarons ornent les belles façades des bâtiments de Bordeaux et l'écrivain Michel Suffran a écrit dans l'un de ses livres sur Bordeaux, que la ville était "une ville entière de masques".
Après la création des places Royale, Dauphine, d'Aquitaine, des Allées de Tourny et du Jardin public, il fallait donner à Bordeaux un opéra ou un théâtre.
Construit entre 1773 et 1780, le Grand Théâtre a été construit sous la direction de l'architecte Victor Louis, sur l'emplacement de l'ancien forum gallo-romain.
Sa façade est ornée de douze colonnes de style corinthien surmontées de très belles statues de pierre représentant les neuf muses (Calliope, Clio, Erato, Euterpe, Melpomène, Polymnie, Terpsichore, Thalie et Uranie) et trois déesses (Junon, Minerve et Vénus)...
A la fin du 18ème siècle, au lendemain de l'éxécution le 2 juin 1793 des députés girondins, la ville de Bordeaux se révolte contre les dirigeants révolutionnaires de Paris.
Le représentant de la République, Tallien, fait régner la "Terreur" et la commission militaire de Bordeaux, présidée par un dénommé Lacombe, organise aussitôt comme représailles 300 exécutions.
Pour rendre hommage à ces députés guillotinés, le Conseil Municipal de Bordeaux décidera d'élever un monument à leur mémoire en 1893. Ce sera la colonne des Girondins.
Les travaux ont débuté en 1894 et se sont terminés en 1902.
Sur le socle de la Colonne, vers le Grand Théâtre, les statues représentent "le triomphe de la République ". A l'opposé, elles représentent le "triomphe de la Concorde".
Vers la place Tourny, on reconnaît la ville de Bordeaux assis sur la proue d'un navire avec une corne d'abondance.
A la droite du socle, on reconnaît la Garonne et la Dordogne. Au pied d'un char tiré par des chevaux, on reconnaît les défauts : l'ignorance, le mensonge et le vice.
Les quatre chevaux marins sont une représentation du Bonheur.