L'eau est une richesse précieuse

Après notre visite à la Maison de l'Eau de Bordeaux, nous nous sommes posés beaucoup de questions sur l'eau :

Comment l'eau arrive-t-elle chez nous ?

L'eau captée n'est pas souvent potable. Elle contient des microbes, des polluants, des déchets. Pour les éliminer, il faut traiter l'eau.
Il existe plusieurs sortes de traitement : grilles pour retenir les gros déchets qui flottent (cailloux, brindilles, feuilles...), filtres pour retenir les grains de sable, bassins pour éliminer les pollutions ... En général, pour tuer les derniers microbes et pour pouvoir transporter l'eau jusqu'aux robinets de nos maisons en sécurité, on y rajoute quelques gouttes de chlore.
C'est pour cela que lorsqu'on visite une usine de production d'eau, cela sent parfois l'eau de Javel.

Avec tous ces traitements, l'eau devient potable et on peut la boire en toute tranquillité mais cela ne veut pas dire qu'on a tout enlevé de l'eau : elle conserve le calcium, le magnésium, le fluor et le fer (même s'il arrive qu'on fasse un traitement pour que l'eau abandonne une partie du fer qu'elle contient) qui sont bons pour notre corps.

Des contrôles fréquents sont faits par la Mairie, la CUB ou l'entreprise à laquelle la Mairie a donné le réseau d'adduction d'eau potable à exploiter mais aussi et surtout par un organisme : la Direction Départementale des Affaires Sanitaires et Sociales (D.D.A.S.S) qui s'assure régulièrement que l'eau du robinet est potable.
S'il y a un risque, la distribution d'eau potable peut être arrêtée.

Une fois l'eau rendue potable, il faut la transporter. Elle est d'abord stockée dans des châteaux d'eau ou des réservoirs semi-enterrés.
Dans le château d'eau des pompes conduisent l'eau au sommet et elle y est stockée dans une très grosse cuve. Comme les robinets dans nos maisons sont plus bas que la cuve du château d'eau, lorsque nous les ouvrons, l'eau coule.
En quittant le château d'eau, l'eau circule dans des canalisations, sous les rues, les jardins...

Nous avons appris qu'en France, le réseau d'adduction d'eau était long de 850.000 km . Ces canalisations sont sans cesse surveillées pour qu'il n'y ait pas de fuite.

Où va l'eau du lavabo, de l'évier, de la douche ?

L'eau salie lors des bains, de la vaisselle, l'eau des toilettes, l'eau pleine de lessive du lave linge, l'eau pleine de résidus des repas du lave vaisselle... sont récupérées dans d'autres canalisations qui les conduisent vers une station d'épuration.

D'autres eaux salies sont conduites vers une station d'épuration : les eaux des usines et les eaux de pluie qui ruissellent dans les rues.

Plusieurs d'entre nous ont visité lors d'une classe de découverte dans les Pyrénées, l'Aquascope de Vielle Aure, c'est-à-dire la station d'épuration de la vallée de Saint Lary et ils ont réalisé le petit reportage qui suit sur cette station d'épuration.
Dans la vallée d'Aure, l'eau est naturellement très pure. Elle provient de sources dans la montagne ou est pompée dans la nappe phréatique. Comme il y a peu de cultures dans la haute vallée d'Aure, l'eau pompée dans la nappe phréatique est pure.
Cette eau est stockée dans des réservoirs ou des châteaux d'eau puis acheminée par un réseau souterrain de canalisations dans les maisons.

Dans les habitations, tous les usages qui sont faits de cette eau la polluent. Il faut donc la traiter pour la rejeter dans le milieu naturel : la Neste d'Aure, le torrent qui parcourt la vallée.

Si ces eaux "usées" très polluées n'étaient pas traitées, cela créerait un important déséquilibre écologique. C'est le rôle de la station d'épuration, de l'Aquascope, qui n'est en fait qu'une usine de dépollution des eaux usées.

Cinq communes se sont regroupées pour former le Syndicat Intercommunal d'Assainissement de la Haute Vallée d'Aure.
Ces cinq communes (Bourisp : 151 habitants en 2007, Cadeilhan-Trachère : 51 habitants en 2006, Saint-Lary Soulan : 1 101 habitants en 2006, Vielle Aure : 365 habitants en 2006 et Vignec : 189 habitants en 1999) comptent un peu moins de 2 000 habitants mais en hiver (saison de ski) ou en été, leurs populations cumulées peuvent atteindre 20 000 habitants.

Elles se sont associées pour collecter et traiter les eaux usées.

La collecte des eaux usées

Comme il existe un réseau de distribution d'eau potable vers les habitations, il existe aussi un réseau d'égouts pour collecter les eaux usées. Ce réseau forme une "toile d'araignée" de 28 km de long.
Toutes les eaux usées sont conduites vers la station d'épuration où elles vont subir plusieurs traitements successifs afin d'éliminer au maximum les polluants dont elles sont chargées. Tous les traitements effectués sont entièrement biologiques et n'utilisent aucun produit chimique.

Les cinq sortes de traitements

Le premier traitement est appelé "dégrillage". L'eau, en arrivant à la station passe dans un gros filtre métallique appelé "dégrilleur". Il retient les déchets les plus importants : les papiers et les plastiques surtout. Ces gros déchets sont lavés, broyés et transportés en décharge.

Le deuxième traitement consiste à débarrasser les eaux des huiles et du sable qu'elles contiennent. Pour cela, elles passent dans une grande cuve appelée "dessableur-déshuileur".
Les graisses plus légères remontent en haut de la cuve où un "bras mécanique" les ramasse. Le sable, plus lourd, se dépose au fond de la cuve.
Les graisses sont stockées, dégradées et réintroduites dans le circuit de dépollution après avoir été dégradées. Le sable est aspiré et éliminé.

Le troisième traitement permet de débarrasser les eaux usées de ce qu'on appelle la pollution invisible : les phosphates contenus dans les lessives, les nitrates, les matières organiques, les micro particules...
Les eaux sont envoyés vers les bassins biologiques.
Le premier bassin est appelé "bassin anoxie". Il est privé d'oxygène et permet d'éliminer les nitrates en les transformant en un gaz totalement inoffensif : l'azote. L'air que nous respirons contient 78% d'azote.
Le deuxième bassin est appelé "bassin aérobie". Avec des compresseurs et des tuyaux placés au fond, on apporte de l'air. Ce bassin est équipé d'agitateurs. Dans ce bassin, on retrouve des milliards de bactéries et de micro-organismes qui vont éliminer la pollution en s'en nourrissant. La quantité de bactéries et de micro-organismes, la quantité d'oxygène et de nombreuses autres choses sont en permanence comptées par des capteurs...

Le quatrième traitement se passe dans des grands bassins appelés clarificateurs.
Les bactéries finissent par mourir et plus lourdes que l'eau, se déposent au fond des clarificateurs. Elles sont alors appelées "boues". Elles sont retirées du bassin par un pont racleur mécanique qui tourne sans cesse. Ce pont est équipé de tubes aspirants qui ramassent les boues au fond du clarificateur.
Quelques bactéries peuvent encore être vivantes. Elles finissent de dépolluer les eaux dans les clarificateurs puis elles sont renvoyées vers les bassins biologiques où elles vont poursuivre leur travail de dépollution.
Dans les clarificateurs, il arrive toujours de l'eau et ils finissent par déborder. Cette eau désormais dépolluée est évacuée dans un déversoir et est rejetée dans la Neste.

Le cinquième et dernier traitement permet d'éliminer les boues recueillies au fond des clarificateurs.
Les boues passent dans une presse qui permet d'en retirer l'eau. On y ajoute de la chaux et on les stocke dans un hangar pendant six mois.
Elles sont ensuite utilisées comme engrais en agriculture. Des agriculteurs de la vallée d'Aure ont accepté de s'en servir. Associées au fumier des moutons, elles sont un excellent engrais riche en éléments fertilisants, ce qui permet d'éviter l'utilisation d'engrais chimiques.
Les boues sont analysées avant épandage pour s'assurer de l'absence de polluants et le plan d'épandage est autorisé par la Préfecture des Hautes Pyrénées.

On peut aussi dire que la station d'épuration fonctionne 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24. Des analyses de contrôle de la qualité des eaux sont faites à tous les niveaux par les employés de la station d'épuration et par la D.D.A.S ( Direction Départementale des Affaires Sanitaires ).
Les agents du Syndicat de Communes interviennent pour boucher les éventuelles fuites du réseau d'égouts et pour l'entretenir.
Nous n'avons pas entendu de bruit pendant la visite et nous n'avons senti aucune mauvaise odeur. L'air des bâtiments de traitement et de stockage des boues est aspiré et traité dans des "tours de désodorisation". Les odeurs sont ainsi éliminées avant que l'air soit rejeté à l'extérieur.

Que se passe-t-il quand il pleut ?

Lorsqu'il pleut en ville, l'eau ne rentre pas dans le sol car elle ne peut pas traverser le goudron des rues ou les trottoirs. Elle est récupérée dans un réseau de canalisations d'eau de pluie. Cela évite les inodations.

A la campagne ou dans les parcs, les bois, les jardins en ville, l'eau s'infiltre très lentement dans le sol et elle rejoint les nappes profondes.
Elle ruisselle dans les ruisseaux qui formeront les cours d'eau puis les fleuves et elle rejoindra la mer ou les océans ...
Une bonne partie de l'eau de pluie s'est aussi directement évaporée avant de toucher le sol.

Dans les lacs, les rivières, les océans, la chaleur du soleil fait s'évaporer l'eau qui forme des nuages. Très haut, la vapeur se condense et se transforme en gouttelettes d'eau qui retombent sur Terre sous forme de précipitations : il pleut, grêle ou neige de nouveau.
C'est le cycle de l'eau. Il se reproduit sans cesse. Il ne s'arrête jamais.

On peut aussi parler des pluies acides. Dans l'air, les gouttelettes d'eau qui tombent entrent en contact avec les gaz des tuyaux d'échappement des voitures ou des fumées des cheminées des usines. Ces petites particules de gaz sont entraînées par l'eau de pluie et se déposent sur la terre et la brûlent.
En Allemagne, on a pu assister à la mort de forêts de très vieux conifères à cause des pluies acides.

Aurons-nous toujours de l'eau ?

Chaque adulte, en France, consomme en moyenne 140 litres d'eau par jour.
Chaque fois qu'on tire la chasse d'eau, c'est entre 6 et 12 litres d'eau potable qu'on gaspille.
Une douche de 5 minutes, c'est 65 litres d'eau et un bain environ 180 litres d'eau ...
Si un robinet fuit, 4 litres d'eau s'écoulent chaque heure !

On a longtemps pensé que les ressources en eau de la Terre étaient inépuisables. La Terre est recouverte aux 3/4 par les mers et les océans. C'est "la planète bleue".
Est-ce vrai ?

Nous utilisons dans nos maisons des eaux souterraines ou de surface.
Les eaux souterraines sont des eaux de pluie qui se sont infiltrées lentement (250 mètres par siècle) et que l'on pompe à quelques dizaines ou centaines de mètres sous la Terre.
On peut aussi utiliser les eaux de surface (l'eau des lacs, des rivières ou des torrents) que l'on traite.

C'est vrai que nous n'utilisons pas toute l'eau de la Terre.
On pourrait aller chercher de l'eau avec des longs forages dans les nappes souterraines très profondes qu'il y a partout sous la Terre y compris sous les déserts ...
On pourrait récupérer l'eau de la banquise et des icebergs ...
On pourrait "dessaler" l'eau des mers et des océans ... mais tout cela coûte très cher

Alors, il nous faut faire attention à l'eau parce que nous sommes de plus en plus nombreux sur Terre et que la quantité d'eau douce disponible est toujours la même.
Dans certains pays d'Afrique, il faut même faire attention à l'eau qu'on boit.
Les ressources en eau douce se renouvellent très très lentement ...
Il ne faut pas gaspiller l'eau car c'est bien précieux. Sans l'eau, il n'y a pas de vie.

Il y a aussi un autre problème, c'est celui de la qualité des eaux de surface de plus en plus polluées par les industries qui rejettent dans leurs polluants dans les rivières, par l'agriculture à cause des engrais et des pesticides qui s'infiltrent dans le sol et sont au contact des eaux de ruissellement.

Faire attention à ne pas gaspiller l'eau et à conserver sa qualité, c'est aussi cela le développement durable !